Une mise en scène délicate
La représentation de Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc au Théâtre Graslin de Nantes, mise en scène par Mireille Delunsch, se distingue par sa sensibilité. En choisissant de conserver l’authenticité des costumes d’époque et en optant pour une scénographie épurée, Delunsch évite les transpositions hasardeuses pour se concentrer sur le message profond de l’œuvre. La création lumière de Dominique Borrini contribue à cette atmosphère mystique, permettant de traduire visuellement la quête spirituelle des religieuses du Carmel. Comme l’indique un passage critique, « La Lumière luit dans les Ténèbres et les Ténèbres ne l’ont pas comprise », soulignant ainsi le propos central de cette production.
L’impact des éléments scéniques
Les cierges, omniprésents sur scène, créent une séparation symbolique entre Blanche et ses sœurs, tout en illustrant l’élévation spirituelle des carmélites. Bien que l’utilisation de ces bougies soit une métaphore efficace, elle atteint son paroxysme lors de la scène finale, où chaque extinction de lumière reflète le sacrifice ultime des religieuses. Si ce choix scénique peut paraître conventionnel, il ne diminue en rien l’impact émotionnel de l’œuvre, bien au contraire.
Une direction musicale de qualité
Jacques Lacombe, à la tête de l’Orchestre national des Pays de la Loire, révèle toute la richesse de la partition. Sa direction est marquée par une attention aux nuances, offrant un son sensuel et moelleux qui magnifie les passages orchestraux. La musique de Poulenc, avec son expressivité inégalée, trouve ici un écho profond, même si certaines difficultés d’équilibre entre l’orchestre et les chanteurs sont à noter.
Des interprétations mémorables
Doris Lamprecht, dans le rôle de Madame de Croissy, brille particulièrement par sa présence et son interprétation saisissante. Sa voix, à la fois puissante et déchirante, apporte une densité émotionnelle au personnage, illustrant sa lutte contre la mort. Tania Bracq souligne à juste titre : « Elle est bouleversante », confirmant l’impact que son interprétation a sur le public.
Anne Catherine Gillet, en Blanche, présente une voix claire, mais les complexités du personnage semblent parfois difficiles à exprimer. En revanche, la performance de Sophie Junker en Constance illumine la scène par sa fraîcheur et sa pureté. Hedwig Fassbender, en Mère Marie, malgré quelques difficultés dans les graves, parvient à transmettre l’angoisse du personnage, mais Doris Lamprecht parvient à faire ressentir toute la puissance de son rôle.
Une distribution solide
Le reste de la distribution, comprenant Catherine Hunold et Frédéric Caton, soutient efficacement la performance principale. Chaque interprète apporte une profondeur à son rôle, permettant au public d’être immergé dans l’univers tragique des Dialogues des Carmélites.
Conclusion : Un moment de grâce
La mise en scène et l’interprétation de cette production par Mireille Delunsch révèlent un véritable engagement artistique. L’œuvre de Poulenc, tout en étant un drame poignant, devient ici une célébration de la foi et de la lumière, même au cœur des ténèbres. Les prochaines représentations s’annoncent tout aussi prometteuses.
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