Doris Lamprecht fait partie de ces heureuses élues qui poussent au plus haut la combinaison du talent et du tempérament. Sans doute faut-il voir là, chez cette Autrichienne née à Linz, la grâce de qualités naturelles mais aussi le résultat d’un apprentissage solide au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans la classe de Jane Berbié, modèle inspirant dont elle perfectionnera les leçons à l’Ecole d’Art Lyrique de l’Opéra de Paris auprès de Michel Sénéchal, Christa Ludwig, Ruben Lifschitz et Margreet Honig.
Doris Lamprecht en Madame Larina et Margarita Nekrasova en nourrice Filipievna sont en revanche irréprochables de présence scénique et de qualité vocale, dans ces rôles trop souvent confiés à des chanteuses en fin de carrière et à la voix vieillissante.
Doris Lamprecht compose une Ermerance/Estelle tout en sous-entendus, dont le jeu décalé est un hommage appuyé aux mémorables prestations de Felicity Lott, diva offenbachienne de haut vol.
Face à une telle fosse, et dans un tel spectacle, la distribution aurait fort à faire pour être, elle aussi, à la hauteur de l’enjeu. Et pourtant elle y arrive… presque. Rien que des éloges sur les seconds rôles, Doris Lamprecht en tête, émouvante Brigitta, d’une plénitude vocale que nous avouons ne pas lui avoir soupçonnée jusque-là.
C’est l’autre mezzo de la distribution qui emporte tous les suffrages. Formée en France et habituée de l’Opéra-Comique, Doris Lamprecht a l’élocution parfaite d’une française de souche et offre à madame de Croissy une extraordinaire densité de présence. Arcboutée contre la mort, elle est saisissante de vérité. La voix est merveilleusement longue, la projection puissante, le timbre charnu et déchirant ; elle est bouleversante.
Elle cisèle en tout cas son texte, chanté et parlé. C’est le propre aussi de Doris Lamprecht, aussi affirmée scéniquement que vocalement en Opinion publique, dans son air d’entrée comme dans son duo avec Orphée.
De même, Dame Marthe peut compter sur toute l’expérience et la rouerie de son interprète, Doris Lamprecht, pour donner tout son sel au duo comique qu’elle forme avec le diable.
Pour cette reprise, la distribution est assez homogène mais il n’en émerge finalement pas d’autres personnalités que la sorcière truculente et au rire percutant de Doris Lamprecht qui s’amuse ici comme une folle.
Formée en France et habituée de l’Opéra-Comique, Doris Lamprecht a l’élocution parfaite d’une française de souche et offre à madame de Croissy une extraordinaire densité de présence.
Massis Opéra René 132, boulevard Pereire 75017 Paris
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